Révéler le vrai

Nous nous reconnaissons tous, à différents degrés, des conditionnements. L’éducation, la société, les événements marquent sur nous des impressions qui, cumulées, constituent en quelque sorte, une toile de pensées, d’émotions, de souvenirs, de projections, d’opinions et de rêves qui donneraient la couleur de notre “moi”.

Lorsqu’on entame un travail de “nettoyage”, on désire revenir à quelque chose de l’ordre de l’essence et rencontrer les pensées, les émotions. On voudrait alléger et ne conserver que le “moi réel”.

Comme si nous allions faire un tri de ce qu’on conserve et de ce qu’on retranche de notre personnalité, de nos croyances en quelque sorte. On a une intention de distance, de détachement par rapport à des souvenirs douloureux, on veut faire la paix, prendre responsabilité de ce qui nous habite.

En fait, la Présence à soi pratiquée en profondeur devient la Présence au Soi, et ouvre la porte à un processus beaucoup plus radical qu’un simple tri.

Ce que révèle ce processus, parce que c’est bien d’une révélation dont il s’agit, c’est que le “moi” n’existe pas. Si on s’applique à rencontrer tout cet amalgame d’impressions qui nous habitent et s’en distancier, on se rend alors compte que le “moi” n’a même jamais existé. Il ne reste en fait que l’âme qui a toujours été là, et à laquelle on a juxtaposé toute une somme d’expériences ayant gravé des marques sur le fil de notre histoire.

Révéler le vrai, c’est faire le deuil du “moi”. Tout ce que l’on croyait être n’est pas…Une belle onde de choc pour l’égo. Continuer de s’identifier à l’égo deviendrait totalement insensé.

Ce n’est pas un idéal, une valeur, un objectif à atteindre c’est la réalité. Autant je ne peux pas dire que je suis un arbre, autant je ne peux pas dire que je suis l’égo. Ce n’est pas suivre un enseignement lu dans un livre, c’est faire l’expérience réelle et directe de ce que je suis. C’est comme sortir de la fameuse caverne de Platon et réaliser qu’on avait regardé le monde indirectement via nos constructions mentales.

Le travail intérieur n’est donc pas une amélioration de notre mécanique intérieure ni de son fonctionnement, on se déleste simplement de tout cela.

Je suis cela par lequel passe l’énergie de vie qui crée sans cesse, me crée, et désire manifester ses couleurs.

Quel chant va émaner de mon Être? Je ne le sais point.